A contrario, en faisant de l’œuvre d’art la construction analogique d’une réalité dont on ne retient que certains attributs essentiels pour les mettre en valeur, Aristote conçoit la mimésis sur le registre de la métaphore. L'œuvre d'art nous révèle donc que l’être ne se définit pas de façon univoque : il est à la fois un être en acte et un être en puissance, puissance au sens de potentialité. (...) Le paraître disposé dans l'œuvre est le beau »[34], ajoute Heidegger. Du fait qu’elle contient en elle-même sa propre logique, sa propre signification, l’image métaphorique parle d’elle-même, elle n’a pas besoin de rechercher à l’extérieur d’elle sa signification. Il ne peut être expliqué conceptuellement ou intellectuellement. Dans « De l’Âme » (livre II), Aristote définit l'âme comme « l’entéléchie première d’un corps naturel qui a la vie en puissance ». [30] Hans-Georg Gadamer, « Vérité et méthode », Paris, Seuil, 1976, p. 161. L’œuvre d’art « bonifie » la réalité[32]. Dans « les noces de Cana » de Véronèse, le point central de l’œuvre est sans conteste la figure du Christ. C’est dans la beauté de l’œuvre que réside tout le sens de celle-ci. L’airain laissé à lui-même peut se corrompre. (fix it) Keywords Plato Art Art, Ancient: Categories Ancient Greek and Roman Philosophy. Des Principes De L'Art D'Apres La Methode Et Les Doctrines De Platon (1850): Burnouf, Emile: Amazon.sg: Books Platon y voit l’illusionnisme, Aristote y voit une forme épurée du réel. Cette détermination néguentropique de l’airain ne peut s’actualiser —au sens anglais de rendre « actual »[25]— sans l'intervention d'un « agent » extérieur, en l’occurrence le sculpteur. L’art est par là simplement situé par rapport aux autres productions, production imaginaire par opposition à la production dite réelle, c’est-à-dire en fait utilitaire. Journal of Philosophy 31 (25):690-691 (1934) La critique platonicienne de l’art et le problème de l’image • L’image comme mimesis L’art, dans la République, apparaît selon deux statuts. Par extension, chose ou être qui permet à l'esprit ou au cœur de trouver son plein épanouissement. Il appartient au groupe des dialogues dits socratiques, que l'on considère habituellement comme des compositions de jeunesse. Buy Des Principes de L'Art D'Apres La Methode Et Les Doctrines de Platon (1850) by Burnouf, Emile online on Amazon.ae at best prices. Car l'art est une éducation sentimentale. Toutefois, les appréciations que nous portons sur l'œuvre, ou sur l'objet produit qui prétend au statut d'« œuvre d'art », dépendent en grande partie du plaisir ou de la satisfaction que. L'art semble inévitablement lié à l'idée de beau.En effet, quand on dit d'un objet qu'il est une œuvre d'art, on lui attribue une valeur (« c'est de l'art », « ce n'est pas de l'art »). Si les arts définis comme mimésis, souffrent selon Platon d’une infériorité ontologique, à l'inverse, la philosophie qui incarne la beauté a le pouvoir de reconduire aux Idées et à l’Etre véritable. Le sens du symbole transcende le symbole. L’objet réalisé par l’artisan n’est ni une « croute » ni nécessairement une œuvre d’art. Grimaldi Nicolas. J.-C., 347 - 346 av. L'œuvre artistique nous amène à comprendre que ce qui caractérise un être ce n'est pas seulement sa réalité en acte, c'est aussi ce qu'il est susceptible de devenir. Seul l’accès à la « réalité véritable » peut être accès à la beauté. C'est le beau qui s'illumine en tant que vérité de l'apparence, ici celle d’une simple paire de chaussures. Éros est un mouvement sans fin vers la beauté absolue, qui est aussi vérité absolue, objet d'une saisie non plus esthétique, mais purement intellectuelle. « l’entéléchie de ce qui est possible, en tant que possible, il est manifeste que c’est le mouvement » Aristote, « La Physique ». Un détail iconographique permet de justifier cela : la symbolique du sablier situé sur la table des six musiciens que Véronèse a placé, fort malicieusement, exactement dans l’axe médian. J. Moreau. [31] « Nietzsche et l’Art », Article en ligne de La-Philosophie.com, 2012 [la-philosophie.com/nietzsche-art]. [33] Martin Heidegger, « De l’origine de l’œuvre d’art », version de 1931-32, Texte allemand et traduction française par Nicolas Rialland, Édition bilingue numérique [pilefacebis.com/sollers/IMG/pdf/heidegger_de_l_origine_de_l_oeuvre_d_art.pdf], [34] Martin Heidegger, « De l’origine de l’œuvre d’art », version de 1931-32, Texte allemand et traduction française par Nicolas Rialland, Édition bilingue numérique [pilefacebis.com/sollers/IMG/pdf/heidegger_de_l_origine_de_l_oeuvre_d_art.pdf]. Ce sens c’est ce qui dans l’œuvre d’art renvoie à un Autre qu’elle-même. Il devient à la fois une traversée du sensible et un instrument de réminiscence. L’art habité par Éros est réhabilité dans sa fonction de langage de l’Alètheia. Imiter, c’est rendre semblable à ce qu’on imite ou ... L’artiste en effet, selon Platon, se borne à reproduire et à copier le sensible. Le processus de création d’une œuvre d’art est double. Ce monde intelligible, source de beauté et de vérité, qui éclaire l’objet figuré dans l’œuvre d’art est extérieur à la représentation sensible de celle-ci. Selon cette même interprétation aristotélicienne, nombre de productions contemporaines, en tant qu’œuvres d’arts, vivent par procuration. Revue Philosophique de la France Et de l'Etranger 146:140 (1956) L'art est imitation. Ces différences spécifiques déterminent ce qu’Aristote appelle son être en acte, sa réalité singulière. L’œuvre d’art se donne alors pour principale fonction de dévoiler la présence de l’intelligible entendu comme fond métaphysique du temps hors-temps[8]. Il n’explose pas à l’œil et à l’esprit du spectateur par sa beauté mais par sa symbolique. L’interprétation aristotélicienne ne parvient pas à saisir ce qui fait qu’une œuvre contemporaine puisse prétendre au statut d’œuvre d’art. L'art, en jouant sur nos émotions, peut nous apprendre à « aimer ce qui est aimable et haïr ce qui est haïssable ». L'art est un outil de transcendance vers l'intelligible. C'est à l'art cependant que la cité platonicienne confie l'éducation des enfants, l'organisation des cérémonies, la composition des danses et des chants. Contrairement à l’anamnèse de Plotin[16] qui conditionne l'art à l'abandon de la réalité prosaïque, l’art d’Aristote s’appuie sur le réel pour en faire jaillir une vérité. Cette hypothèse de l’autoréférence de l’œuvre contemporaine à travers son interprétation fait écho à ce qu’en dit Arthur Danto : « au moment où quelque chose est considéré comme une œuvre d’art, il devient sujet d’une interprétation »[38]. Platon interprète l’art du point de vue du spectateur et de l’Éros sensuel. Ainsi, la différence entre l’artisan et l’artiste, tient à ce que l’artiste apporte un « supplément » d’être au fait technique. Platon, La République, pages 389-369. Aristote interprète l’art à travers le travail de l’artiste et de l’Éros géniteur. Imitant la réalité sensible, les œuvres d'art ne sont qu'une imitation (mimésis) d'imitation, la copie trompeuse d'une copie. 38-39, [13] Aristote, « La poétique », chap. » dit Vlaminck. Selon Aristote, l'art doit, comme la nature, être harmonieux. Se complaisant aux plus frelatées des apparences, l'art chez Platon est comme la sophistique : une virtuosité de l'illusion et une entreprise de perversion. « De telle sorte [que] l'être qui se cache est illuminé. Se référant à une « réalité véritable » il affirme, à l'inverse de Platon, que seul l'art est en mesure d'y avoir accès. [24] En physique des systèmes, la néguentropie est considérée comme un facteur d’organisation. Elle renforce l’emprise de la doxa - l’opinion - sur la pensée. Platon voit dans l’art l’apparence, Aristote y voit l’apparaître. [36] Musées, galeries ou autres environnements signifiants consacrés comme tels par l’artiste lui-même ou l’institution. Selon la théorie saussurienne du rapport entre un signifiant et un signifié, le signifié symbole est en même temps le signifiant d'un autre signifié[21], la re-présentation d’une représentation, ou, en termes platoniciens, l’imitation d’une imitation. » colloque novembre 2005. L'être et la forme selon Platon. Fast and free shipping free returns cash on delivery available on eligible purchase. R. Loriaux (1955) Abstract This article has no associated abstract. Academia.edu is a platform for academics to share research papers. L'art est du même ordre de valeur que la rhétorique ; l'art dupe et flatte les sens et nous éloigne de la réalité vraie. République III, 398 a : προσκυνοΐμεν αν αύτον ως ίερον και θαυμαστόν και ήδύν. L’entéléchie de l’œuvre d’art, application de la poïésis à elle-même [d’Éros à lui même], c’est l’âme de l’œuvre d’art. C'est sur l'exemple de la production artistique qu'Aristote établit sa fameuse distinction entre la « Forme » et la « Matière », d’une part, et entre l'« Acte » et la « Puissance », d’autre part. L'entéléchie ainsi définie est, en quelle que sorte, la surimpression de la perfection sur elle-même. Cette valeur ajoutée qu'apporte l'art poïétique à la matière façonnée en signale, nous dit Heidegger, l’« être authentique ». Je n’ai même pas besoin de connaître l’historique de l’œuvre pour être saisi par la beauté qui l’irradie. Dans l’Allégorie de la Caverne[1], la lumière de la beauté et de la vérité éclaire les choses réelles, et le rôle du philosophe est de contribuer à ce que nous nous détachions de l’apparence, des ombres de la doxa, pour apercevoir la réalité des choses. Son sens, directement accessible intuitivement, lui est immanent. Pour être belle, une oeuvre doit être proportionnée et représentative de ce que l'homme perçoit dans le réel. L’art est ainsi producteur de connaissance. Paul Klee dira plus tard : « L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible »[9]. [37] «en art dit « contemporain », moins il y a à voir, plus il y a à dire !» écrit Monneret dans son pamphlet ; Jean Monneret, « Catalogue raisonné », Salon des indépendants, Paris 1999, [38] Arthur Danto, « Artworks and Real Things », in Theoria, XXXIX, 1973, Les ombres d'Eros (l'Amour sous toutes ses formes) et de Thanatos (la Mort obscure et variable) ainsi que leur...» Lire la suite, Dans « Le Banquet », Platon fait dire à Diotime : « l'objet d'Éros, Socrate, ce n'est pas, comme tu l'imagine...» Lire la suite. Par la représentation, il acquiert, pour ainsi dire, un surcroît d’être. Pour lui la véritable œuvre d’art a une fonction maïeutique. D. T. & P. Schuhl. 6, 50a15. Platon distingue œuvre d’art et quête du beau. (3) Cf. L’analyse aristotélicienne correspond bien à ce type de conception de l’œuvre. Dans « la Poétique », Aristote reprend le concept de « mimésis » à Platon. La seule différence avec Platon, c'est que pour le catholicisme, l'art ne doit pas être subordonné à la philosophie mais à la révélation divine. On peut poursuivre ainsi l'analyse de ce tableau en recherchant les messages qui transcendent la symbolique des images qui le composent. L’art est producteur de connaissance[15]. En cela, l'art est à l'opposé de la philosophie. Finalement, l’être est l’union d'une Forme et d'une Matière. L’art est dévoilement de l’être. Le terme « perfection » doit être pris ici indépendamment de toute référence morale ou esthétique[27]. », Dogma, décembre 2011 [dogma.lu]), [7] Frangne P.-H. « Vers un art sans écart ? L’œuvre est l’acte de construction d’une nouvelle réalité sensible qui affirme et consacre l’unité créatrice de vérité venant se substituer au chaos de la réalité prosaïque. De la même façon qu’une bonne tragédie est un « système de faits »[13] qui imite une action dont elle retient les attributs essentiels mis en valeur au moyen d’une intrigue unifiée et complète, toute œuvre d’art est une mise en ordre unifiante et valorisée par la schématisation des traits essentiels d’une réalité qui, elle, est vécue sur le mode de la dissémination, de la juxtaposition, de la confusion, du hasard et de contingence. Dans la Poétique , Aristote le classe en effet, avec l’artisanat, dans la catégorie des activités poétiques, par opposition aux activités pratiques, comme la politique ou la morale, qui ont leur fin en elles-mêmes [1] . La beauté du Taj Mahal dont la reconnaissance immédiate s’impose intuitivement à nous, repose sur une stylisation de l’amour et de la mort. La philosophie ne sait pas ce qu’est l’art.Elle se préoccupe plutôt de la fonction de l’art.La branche s’occupant du beau est la philosophie de l’art.Dans l’Antiquité, l’art visait à exprimer la Beauté. « L’art est une abstraction, c’est le moyen de monter vers Dieu en faisant comme notre divin Maître, créer » disait Paul Gauguin. « La peinture c'est comme la cuisine. Selon l’alexandrin, il ne faut pas en rester à l’aspect trompeur de l’illusion mais s’intéresser à ce dont l’illusion fait indirectement allusion. [14] Aristote, « La poétique », chap. Selon Heidegger, l'essence de l'art est de faire advenir la vérité de ce qui est. On peut dire que tout au long des dialogues, du Charmide jusqu’aux Lois, un certain aspect de l’art est pris constamment et vigoureusement à partie. Nous emprunteront à Aristote le terme « entéléchie » (ἐντελέχεια)[29] pour désigner le principe « néguentropique » de cette «bonification», principe qui permet à l'œuvre d’art de trouver son plein épanouissement, son plein sens par redoublement de l’accomplissement, de la poïésis. En faisant de l’œuvre d’art une copie de copie, Platon conçoit la mimésis sur le registre du symbole[20]. Buy Des Principes De L'art, D'après La Méthode Et Les Doctrines De Platon... at Walmart.com Pour analyser cette œuvre la conception platonicienne convient mieux que l’aristotélicienne. [12] Cité par Luc Ferry, « Heidegger - Les illusions de la technique », Flammarion, Paris 2012, pp. J.-C., est un philosophe grec, contemporain de la démocratie athénienne et des sophistes, qu'il critiqua vigoureusement. p. ex. Platon et l'art de son temps. [29] Chez Aristote, principe créateur de l'être, par lequel l'être trouve sa perfection en passant de la puissance à l'acte. Dans sa description des « Vieux souliers avec lacets » de Van Gogh, Heidegger montre qu’il n’y a rien de plus révélateur de l'être authentique, de la « vérité » de cette paire de bottines de paysans où se lit toute l'usure et la fatigue du labeur des champs. Platon voit dans l’art l’apparence, Aristote y voit l’apparaître.
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